LES CINQ CHANTIERS 45 MOIS PLUS TARD : DU FLAN !
N.B. : Ce topic fait suite au pamphlet ci-contre et à l’article en
lien.
Chantier n°1 : infrastructures
Kin-la-Poubelle est belle à admirer du côté nord (et seulement de ce
côté-là). Élargissement du Boulevard du 30 Juin, du Boulevard Triomphal qui,
triomphalement, rejoint désormais l’Avenue de la Libération (beau jeu de
mots !) ; éclairage renforcé sur certaines artères, fontaines
illuminées et tout le tralala. Il se peut que la même chose se reproduise le long
du Boulevard Lumumba et au niveau de l’Échangeur.
Bien jolis, ces efforts de souris neurasthéniques,
véritables distractions orchestrées en vue de faire croire aux esprits faibles
et lourds que le Gouvernement travaille. Où sont les débuts de commencement
d’ébauches d’autoroutes ? Quel bâtiment d’importance l’État (enterré et désintégré)
congolais a-t-il édifié à ses propres frais ? Oui, je sais, on réhabilite
quelques voies à l’intérieur du pays. Mais à pas de tortue et les conséquences
pratiques se font entendre. Comme me disait assez ironiquement un des potes de
l’un de mes potes (qui n’est pas mon pote) : « On ne bouffe pas
l’asphalte pour calmer sa faim et on ne boit pas les jets d’eau publics pour
étancher sa soif ».
Et les chemins de fer ? Les trains qui
roulent dessus ? C’est pour quand ? Le 4e jeudi du mois de
septembre 2011 ?
Chantier n° 2 : emploi
Comme je l’écrivais deux ans et demi plus tôt, les
choses n’ont pas changé en bien depuis des décennies : chômage à 95%,
exploitation sauvage de l’homme par l’homme dans le milieu du travail, salaire
à la hauteur inverse des prestations fournis, non-paiements érigés en norme,
pistons dans des postes nobles d’individus méprisables (cf. concours chiqué de
bout en bout de la magistrature). Mais parlons un peu du non-paiement. Dans ce
bled de nigauds, même les députés nationaux ne touchent pas un salaire
régulier. Ne parlons même pas de la Fonction Publique qui connaît des arriérés
évaluables en années. Et que dire de l’Armée, du corps enseignant, des médecins ?
L’un des cas les plus dramatiques à ce jour est celui de la compagnie
d’aviation des Lignes Aériennes Congolaises (LAC) dont les employés ont senti
l’odeur d’un salaire digne de ce nom il y a plus de 15 ans !!! Tout
récemment, un geste de je ne sais plus quel Ministre a été posé. Il semble fort
malheureusement que le pèze, aussitôt débloqué, a été aussitôt détourné, au
point que personne (à part deux ou trois chefs, tiens tiens !)
n’en a vu l’aspect ni apprécié le goût. C’est d’ailleurs de cette ignoble manière que
la solde des militaires se volatilise de temps à autre, trop souvent
d’ailleurs...
2010, année du social ? Mon cul terreux,
ouais !
Chantier n° 3 : éducation
Profs mal payés = enseignement bâclé. Même le plus
idiot des crétins appréhendera la teneur de cette équation. Et en RDC, plus on
est mal instruit, plus grandes sont les chances de réussir. L’exemple le plus
patent fut les résultats d’examen d’État, édition 2009-2010, spécialement à Kin, la Mecque de la médiocrité où tout esprit bas devrait
faire un pèlerinage annuel. Cet examen d’État ? Une vaste blague doublée
d’une gigantesque fumisterie. Les points ont été distribués comme des petits
beignets cuits à l’huile de transfo haute tension (une spécialité kinoise fort
prisée). Des cancres de la pire espèce se sont retrouvés avoir 75, voire
85% !!! Douloureux contraste, de brillants élèves ont à peine franchi la
barre des 55%, voire ont échoué ! Il se raconte que dans le cadre du
cinquantenaire de l’indépendance de la RDC (une autre plaisanterie d’un goût merdique),
on aurait ajouté aux élèves une dizaine, d’autres affirment d’une vingtaine de
pourcents, histoire qu’ils se réjouissent avec tout le monde. En vérité, selon
des sources de foi et concordantes, les « fuites » des corrigés
d’examens ont transité, à coups de dollars et de billets de 500 Fc, d’écoles en écoles, d’inspecteurs en promoteurs !
Pauvres futurs étudiants, qui ne savent pas, pour la
plupart, écrire en la langue de Voltaire une longue phrase sans commettre trois
fautes de grammaire et deux fautes d’orthographe. Pauvres futurs étudiants dont
le parler est désastreux, le discours branlant, le raisonnement parsemé de
trous… mais dont l’art de la magouille est parfaitement maîtrisé, dans tous ses
arcanes les plus obscurs.
Éducation de mes deux (couilles ou fesses,
au choix…) !
Chantier n° 4 : eau et électricité
Les rares fois que l’eau jaillit d’un tuyau (bien
souvent troué, mais l’exception confirme la règle) de la REGIDESO,
cette vampire, je vous conseille le plus vivement du monde de ne pas la boire
sans l’avoir préalablement stérilisée. L’eau du puits est plus potable, je vous
assure… Et pour enfoncer le clou, spécialement à Kin,
la Lourdes de la bêtise, une certaine autorité a décidé d’interdire la vente
des sachets d’eau à 50 Fc au profit de la
commercialisation de l’au en bouteilles de verre, dix fois plus chères !
Paraît que c’est pour des raisons environnementales, les sachets empêchant la
bonne infiltration des eaux de pluies. Vraiment un bled de timbrés, la
RDC ! Déjà que la qualité de l’eau du robinet laisse à désirer, il cruel
de compliquer la vie aux habitants en leur rendant difficile l’accès à un
liquide aussi vital. Au lieu de prohiber la fabrication des sachets, qu’on
emménage suffisamment de poubelles et qu’on se lance dans le recyclage. Deux
vœux pieux dans le patelin rdcien…
Autant le soi-disant État congolais n’a pas implanté de
nouvelles installations de distribution de flotte depuis 2006, autant la
fumeuse (et fumante) SNEL, ce zombie, n’a pas
réhabilité ses équipements depuis… ? Une semaine plaine sans interruption
de fourniture électrique dans la capitale ? Un rêve éveillé ! Plus du
tiers des quartiers kinois se rappellent comme d’un vieux conte le courant à
220 V : suite aux problèmes inextricables de câbles, soit les ampoules
s’allument telles des braises, soit au contraire les appareils sautent à cause
des surtensions. Le reste du patelin, hormis les grandes villes et les microcentrales,
brille par son obscurité la nuit. Encore plus grave : la RDC se met à importer
le courant d’Uganda (électrification du poste frontière de Kasindi et de ses environs) ! Vive les cartes
prépayées en guise de factures : elles prendront l’humidité et la
moisissure…
Bref, le problème énergétique sur la terre de Kabila ne
se pose plus pour les autorités du bled : ça fait un bail emphytéotique
qu’elles n’en font plus un problème…
Dernier chantier : santé
Dieu Tout-Puissant Créateur de toutes choses (même des
ordures aussi putrides que certains politiciens congolais) aime la population
de l’ex-Zaïre qui flirte avec la mort à chaque milliseconde. À travers rues et
artères, dans le transport en commun comme chez soi, on se trimballe avec plusieurs
représentants de la gent microbienne, parfois en des proportions mortelles,
sans qu’on soit affecté le moins du monde. Un Occidental ne survivrait pas bien
longtemps à un tel cocktail-Molotov infectieux. Ici en RDC, la grippe A
cohabite dans un même organisme avec la malaria, le choléra et la typhoïde…
mais le porteur est sain !
Dame Nature et sa collègue de tous les instants Dame
Providence ont doté le Congolais d’une aussi grande capacité de résistance en
vue de faire contrepoids au manque hurlant d’hôpitaux dignes de ce nom, comme
le semblant État congolais sait en construire un tous les demi-siècles. Je ne
me lasserai jamais de le répéter, ne citez pas en exemple l’Hôpital de Dikembe Mutombo, nullement érigé
aux frais de l’État congolais (introuvable, car totalement désagrégé dans son
sépulcre). Et je n’ose même pas évoquer les hôpitaux dits « de
référence », pullulant à travers le bled. « Référence » en tant
que mouroir ! La Camarde y fait les cent pas quotidiennement et sa
symbolique faux s’y est même émoussée à force de trancher les fils de vie des
patients…
Si les anticorps des Congolais, malgré leur robustesse
surhumaine, ne parviennent toujours pas à avoir raison des agents
pathologiques, il peut à loisir se tourner vers la médécine
dite traditionnelle, riche en potions et onguents, ainsi qu’en charlatans et
affabulateurs de tous ordres et de tout poil. Bonne guérison !...
Conclusion
Dire que le 1/10e des utopies kabiliennes nommées « chantiers » a été réalisé
serait faire preuve d’optimisme pathologique ou de mythomanie fort avancée. Long
s’avère le chemin à parcourir et improbable la destination.
Les cinq chantiers, c’est vraiment des vents
(intestinaux).